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« La participation des jeunes est cruciale » : garantir un véritable engagement en faveur de la santé sexuelle et reproductive dans les réponses au COVID-19

Les jeunes possèdent l’expertise technique et les compétences nécessaires pour être de véritables partenaires dans les processus de prise de décision et de mise en œuvre en vue de continuer à assurer l’offre de services de santé essentiels, y compris de santé sexuelle et reproductive (SSR), pendant la pandémie du COVID-19). En juin, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié des lignes directrices relatives au maintien de l’offre de services de santé essentiels pendant la pandémie qui abordent certaines questions liées aux besoins des jeunes en matière de SSR. Les gouvernements ont commencé à adapter ces lignes directrices et à élaborer des plans nationaux pour répondre aux besoins de leurs populations en matière de SSR pendant cette crise. Ils doivent prendre en considération les défis et les vulnérabilités auxquels les jeunes sont confrontés en s’assurant que ceux-ci puissent apporter leur contribution de manière inclusive et pertinente.

Certaines organisations, y compris des groupes de la société civile pilotés par des jeunes, prennent actuellement des mesures de manière proactive afin de répondre aux besoins et de relever les défis des jeunes en matière de SSR pendant la pandémie. Ils récoltent des données probantes à cet égard, soulèvent des questions auprès des ministères de la santé locaux et d’autres parties prenantes, et plaident en faveur de la participation des jeunes à l’élaboration des plans d’urgence nationaux pour le COVID-19.

PAI a mené des discussions avec Aminata Badiane Thioye, une jeune experte en plaidoyer en faveur de la SSR au Sénégal, qui travaille pour l’Alliance Nationale des Jeunes pour la Santé de la Reproduction et de la Planification Familiale (ANJSRPF). Au début de la pandémie, l’ANJSRPF a mené une rapide évaluation auprès de 130 personnes (principalement des jeunes ainsi que des agents de santé communautaires et des sages-femmes) en vue de comprendre l’impact de la pandémie sur la santé et les droits sexuels et reproductifs (SDSR) des jeunes et de déterminer ainsi les mesures à prendre pour garantir leur accès aux services de SSR. L’ANJSRPF a constaté que la perte des moyens de subsistance, en particulier dans le secteur informel, liée aux restrictions à la mobilité, a plongé les jeunes dans la précarité financière. Parallèlement à la peur suscitée par le COVID-19 et à la restriction de l’accès aux services de SSR pendant la pandémie, le coût de ces derniers pousse les jeunes à ne pas y recourir.

La bonne nouvelle est qu’à présent des efforts sont déployés au niveau institutionnel afin d’assurer la continuité des services et des fournitures de santé. Le ministère sénégalais de la santé a élaboré un plan d’urgence pour le COVID-19 afin d’assurer la continuité des services de santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile et des adolescent(e)s, sur la base des lignes directrices de l’OMS. Le plan comprend des conseils sur la gouvernance et la coordination nécessaires au maintien des services de SSR des secteurs public et privé ainsi qu’un kit de services de santé essentiels, un guide à l’usage des prestataires chargés de ces services, de la gestion des stocks, du suivi et de l’évaluation. La mauvaise nouvelle c’est que les jeunes n’ont pas été consultés (comme c’est trop souvent le cas), et encore moins impliqués dans le processus de prise de décisions.

Aminata a indiqué à PAI que « même si le risque de rupture de stock des méthodes contraceptives est bien géré, cela n’empêche pas les jeunes femmes et les adolescentes d’éprouver des difficultés financières pour se procurer des produits ». Les services de SSR sont censés être gratuits au Sénégal, mais la gratuité ne s’applique pas aux médicaments et aux traitements. « C’est le même problème avec la contraception d’urgence qui est financièrement inaccessible aux jeunes femmes, ce qui rend la situation d’autant plus critique étant donné la vulnérabilité accrue des filles au viol et à l’exploitation sexuelle pendant la pandémie, ce qui peut également accroître le risque de grossesses non désirées et à le recours à des avortements à risque qui pourraient être évités si elles y avaient plus facilement accès ».

La fermeture des écoles a compliqué encore la situation des adolescentes et des jeunes femmes, en les privant de leur abri habituel. En effet, l’école demeure souvent l’endroit le plus sûr pour se protéger de la violence sexuelle et dirigée contre les femmes. En outre, la réduction et, dans de nombreux cas, l’interruption complète de l’éducation formelle et informelle implique que les programmes de SSR pour les jeunes sont au point mort. Dans certains contextes, notamment dans les zones rurales et pour les filles travaillant en tant que domestiques à Dakar, la capitale, la gestion de l’hygiène menstruelle et l’accès à l’eau propre sont devenus encore plus difficiles, particulièrement en raison des nombreuses années de pénurie d’eau.

« Cette vulnérabilité croissante est principalement due au fait que les réponses fournies par le gouvernement au COVID-19 ont plutôt trait au domaine sécuritaire que social », a déclaré Aminata à PAI, en évoquant l’imposition de couvre-feux, l’interdiction des transports et la fermeture des marchés. « Maintenant, nous nous trouvons dans un état d’urgence sociale et sanitaire ». Cette situation entraîne des conséquences particulières en termes d’équité en santé, qui est déséquilibrée entre les différents groupes d’âge et entre les villes et les campagnes au Sénégal. L’ANJSRPF a entendu parler de cas de fermetures de routes et de centres de santé dans des zones rurales où les services de santé sont déjà limités. Si l’inégalité a toujours joué un rôle majeur en matière d’accessibilité des services de SSR, les disparités sont encore aggravées par la gestion actuelle de la pandémie.

Un certain nombre d’initiatives, notamment à l’ANJSRPF, s’efforcent de faire entendre la voix des jeunes. En collaboration avec d’autres partenaires, le Partenariat de Ouagadougou, une initiative ouest-africaine francophone qui vise à accroître l’utilisation de la contraception moderne dans ses neuf pays membres, a produit 10 vidéos de jeunes plaideurs en faveur de la santé sexuelle et reproductive. Les vidéos traitent entre autres de l’impact du COVID-19 sur les SDSR, y compris le mariage précoce et forcé parmi les filles non scolarisées, de la nécessité pour les jeunes d’avoir accès à la contraception, y compris à des services flexibles et mobiles pour atteindre les plus vulnérables, ainsi que de la violence sexuelle et dirigée contre les femmes due à l’augmentation des facteurs de stress.

Comme l’a déclaré Aminata à PAI, il est essentiel de mener des efforts de plaidoyer de manière coordonnée pour garantir la SDSR, notamment pour s’assurer que les modèles de prestation de services de SSR s’adaptent aux besoins locaux et aux conditions sociales et économiques des jeunes en temps de crise. « La participation des jeunes est cruciale. Nous pouvons accomplir beaucoup plus ensemble que chacun de son côté. Nous savons tous que nous vivons actuellement des moments difficiles et que le manque de collaboration et de coopération demeure un défi majeur à relever pour assurer la performance et la résilience ».

Lisez le mémoire de PAI, Optimiser les orientations provisoires de l’Organisation mondiale de la Santé relatives à la COVID-19.

 

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